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Essai de plongée réussi pour Revolta !

Par Annabelle Kremer.

En raison d’une banquise trop étendue, le programme Revolta était ralenti depuis une semaine.

Les conditions semblent s’améliorer et permettent d’envisager :

- de récolter des plaques de polystyrène vissées dans la roche les années précédentes. Elles servent à étudier quel type de faune se fixe en premier sur une surface vierge dans un contexte de recolonisation des zones raclées par les icebergs.

- de collecter des organismes benthiques manuellement.

Mais d’abord, un essai de plongée avec nos deux vedettes du jour !

 

Anouchka Krygelmans

Gestionnaire de collection au MNHN et plongeuse.

A démarré la plongée à 23 ans et totalise plus de 350 plongées en Méditerranée, dans l’Atlantique, en Papouasie, au Japon, à Taïwan, à Madagascar et en Martinique.

Aujourd’hui c’est sa première plongée polaire !

« La plongée et l’apnée, c’est dans la tête que ça se passe »

Anouchka Krygelmans © MNHN / MSA / IPEV Anouchka Krygelmans © MNHN / MSA / IPEV

Jérôme Fournier

Chargé de recherche CNRS, chef de plongée scientifique CNRS et expert plongée pour les TAAF.

Instructeur de plongée, il a démarré la plongée à 14 ans et totalise plus de 300 plongées en milieu polaire (Arctique et Antarctique) et environ

4000 plongées dans la plupart des mers et océans.

Jérôme Fournier © MNHN / MSA / IPEV Jérôme Fournier © MNHN / MSA / IPEV
Plongée près de la piste du Lion, en contrebas du dortoir 42 © IPEV/MSA/MNHN Plongée près de la piste du Lion, en contrebas du dortoir 42
S’équiper !

La bouteille de plongée contient 15 L d’air comprimé à 220 bars. Les plongeurs doivent pouvoir respirer à la pression
ambiante (1 bar pour l’air ambiant et dans l’eau, la pression augmente de 1 bar tous les 10 mètres). Deux
détendeurs permettent donc d’abaisser la pression à 20 bars dans un premier temps puis à la pression du milieu
environnant.

« Le danger en Antarctique, c’est le givrage du détendeur et des inflateurs (combinaison sèche, gilet stabilisateur). La
conséquence est un débit de gaz en continu et le bloc bouteille se vide très rapidement. C’est à ce moment que ton
partenaire de plongée est précieux ! Il ferme l’arrivée d’air qui alimente le détendeur principal qui a givré et tu
utilises ton second détendeur. C’est vital de plonger à deux et il faut se comprendre parfaitement une fois sous
l’eau »
me confie Anouchka.

Jérôme précise : « pour éviter le givrage, il faut aussi savoir ventiler très doucement, sauf que tu as froid … donc tu
as plutôt envie de respirer vite ! Tu dois donc faire l’inverse de ce que ton corps te dit ! »

La bouteille de plongée © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN La bouteille de plongée © MNHN / MSA / IPEV

Jérôme nous explique tout ! : « Pour savoir combien il reste d’air de chaque côté, on se sert des manomètres. Le
petit tuyau « bouée » sert à gonfler la bouée qui te permet à la fois de rester à la surface sans effort et de te porter
au fond : tu as de l’air dedans donc tu décolles du fond. C’est donc comme une vessie natatoire, tu restes à
l’équilibre. Un dernier tuyau qui va au « volume sec » qui sert aussi de bouée. Le volume sec c’est le vêtement qui
nous isole du froid : on met un peu d’air dedans, ça décolle le vêtement du corps et c’est cette couche isolante avec
les vêtements thermiques qui nous permettent d’être relativement isolés du froid ! »

Besoin d’aide pour s’équiper ! Merci les copains et merci le talc !

Vêtement thermique sous la combinaison © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Vêtement thermique sous la combinaison © MNHN / MSA / IPEV
Besoin d’aide pour s’équiper, merci les copains et merci le talc © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Besoin d’aide pour s’équiper, merci les copains et merci le talc © MNHN / MSA / IPEV
Mais que fait Jérôme, il vide l’air de sa combinaison © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Mais que fait Jérôme, il vide l’air de sa combinaison © MNHN / MSA / IPEV

Encore un dernier « détail » : se lester au plomb !
Jérôme ajoute pas moins de 12 kg de plomb à sa combinaison (1. dans de petits sacs à la ceinture, 2. aux chevilles, 3.
sur un harnais qu’il va endosser)

La combinaison est lestée de 12 kg de plomb © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN La combinaison est lestée de 12 kg de plomb © MNHN / MSA / IPEV

Anouchka : une tenue sur-mesure avec des innovations technologiques et made in France !

« C’est l’entreprise TOPSTAR située à Arcachon qui a conçu ma tenue de plongée. Elle allie souplesse et confort thermique grâce à sa composition bi-matière néoprène / trilaminé.

La partie basse de ma combinaison est constituée de néoprène. En général c’est du 7mm – ce qui rend les mouvements difficiles - mais TOPSTAR utilise un néoprène compressé de 4mm qui conserve d’excellentes propriétés thermiques. La partie haute de ma combinaison est composées de trois tissus thermo soudés ultra résistants, le trilaminé qui est souple.

Sous ma combinaison, je porte des chaussettes de soie, des chaussettes en laine et des chaussettes thermiques. J’enfile aussi un baby gros et une polaire. Attention : jamais de coton pour les vêtements de plongée car si tu transpires, le coton va garder l’eau et tu vas avoir froid !

Dernier point important : ma cagoule ! Elle est orange, ce qui me permet d’être repérée facilement en cas de problème ! »

Anouchka et sa cagoule orange © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Anouchka et sa cagoule orange © MNHN / MSA / IPEV
En avant vers le lieu de plongée !

Pour cette première plongée polaire 2017, Anouchka et Jérôme étaient bien entourés !
De l’aide pour charger le matériel très lourd dans la pulka …

Chargement de la pulka © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Chargement de la pulka © MNHN / MSA / IPEV
On transporte le matériel lourd dans la pulka © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN On transporte le matériel lourd dans la pulka © MNHN / MSA / IPEV

Un dernier gros coup de main des copains avant de plonger dans une eau à -2°C !

Merci aux biologistes Marc et Guillaume du programme Revolta et Jean Baptiste du programme Ico² taks, au « météo » Vincent et au charpentier-couvreur Martin (et à Mélyne pour le soutien. Annabelle à la photo et à la vidéo).

Un bel esprit de coopération sur la base !

Un dernier coup de main © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Un dernier coup de main © MNHN / MSA / IPEV
Jérôme et Anouchka entrent dans l'eau © IPEV/MSA/MNHN Jérôme et Anouchka entrent dans l'eau © MNHN / MSA / IPEV
Anouchka et Jérôme … dans un autre monde désormais © IPEV/MSA/MNHN Anouchka et Jérôme … dans un autre monde désormais ! © MNHN / MSA / IPEV

Alors cette plongée ?

Anouchka : « on a réussi ! C’était super ! Deux trois fois sous l’eau on s’est cherché. A un moment, j’étais dans son angle mort. Il faut qu’on sache, pour la prochaine fois, comment on se déplace l’un par rapport à l’autre. Quand tu plonges dans les tropiques, tu peux toucher l’autre et il te sent. Ici c’est impossible avec le froid. Là, j’ai un peu le visage paralysé et j’ai froid aux mains. En remontant à la surface, je n’arrivais pas à parler alors j’ai pouffé de rire ! Mais je n’ai pas eu froid au corps ! »

Jérôme : « C’est vraiment tranquille. Pas de courant, tu ne risques pas de dériver… Ce ne sont pas des plongées compliquées ici ! »

Nous, on est tous impressionnés !

Anouchka sort de l'eau © IPEV/MSA/MNHN Anouchka sort de l'eau © MNHN / MSA / IPEV

Résultats ?

Une plongée de 20 minutes à 19 mètres et une belle biodiversité observée : des némertes, des holothuries, des oursins, des ophiures, des actinies !

Voilà qui s’annonce de bon augure pour la suite.

Essai réussi !

Montre © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Montre © MNHN / MSA / IPEV
Recharge des bouteilles © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Recharge des bouteilles © MNHN / MSA / IPEV
Bravo Anouchka pour ta première plongée polaire © MNHN / MSA / IPEV © IPEV/MSA/MNHN Bravo Anouchka pour ta première plongée polaire © MNHN / MSA / IPEV