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Journal du 26 au 28 janvier

Par Annabelle Kremer.

Jeudi, j’étais de service base ce qui signifie que j’ai donné une journée de mon temps à la collectivité.

Plus précisément, chaque jour un nouveau trinôme est désigné par le Dista pour nettoyer les parties communes et servir les repas en salle. J’ai démarré le travail à 8h00 aidée par Ludovic, plombier, et Antoine, chaudar. On commence par nettoyer les tables à l’issu du petit déjeuner. Puis on passe le balai ou l’aspirateur et la serpillère dans tout le bâtiment n°31 : le séjour.

Le séjour de DDU en réfection © MNHN / MSA / IPEV Le séjour de DDU en réfection © MNHN / MSA / IPEV

Le séjour de DDU en réfection. Le toit était initialement construit à l’aide de panneaux sandwich polyester / fibre de verre sur mousse rigide ininflammable de PVC de 80 mm comme le reste du bâtiment. Mais les intempéries ont dégradé la fibre de verre et l’eau commençait à s’infiltrer… Les charpentiers couvreurs viennent de finir de poser des tôles rouges galvanisées et plastifiées ! Bravo !

Le service base comprend aussi le tri des déchets (pas moins de 7 bacs de tri différents) et le nettoyage des sanitaires communs du séjour. Ensuite, nous avons épluché 10  kg  de  pommes  de  terre ! Quand l’heure du déjeuner approche, il faut dresser les tables, servir le repas en salle et faire la vaisselle. On peut ensuite s’octroyer une petite pause de deux heures. En milieu d’après-midi, Ludovic et moi sommes allés nettoyer les sols et les sanitaires du dortoir 42 tandis qu’Antoine s’est occupé du dortoir d’été en contrebas de la base. De retour au séjour, nous avons donné un petit coup de main au cuisinier : accommoder les restes de repas des jours précédents pour concocter un dîner. A 19h, les personnes arrivent pour un moment de convivialité : on se raconte notre travail de la journée d’un petit verre de vin blanc-cassis. On sonne ensuite la cloche à 19h15 pétantes : à table ! Nous terminons notre journée de service-base par la vaisselle. Ce soir-là, les trois météos sont venus en renfort, nous donner un coup de main. Il y avait particulièrement beaucoup de vaisselle et il fallait impérativement terminer le service à 20h30 pour permettre à Jean Baptiste d’animer « le jeudi de la science », un autre moment de convivialité où un scientifique fait une présentation orale de son travail de recherche – images et instruments à l’appui – devant l’ensemble des convives.

Dormont d'Urville salle de repas, cuisine, dortoir 42 Dormont d'Urville salle de repas, cuisine, dortoir 42 © MNHN / MSA / IPEV

Le vendredi 27 janvier.

En matinée, je me suis rendue à la centrale de la base.

C’est LE bâtiment-clé de DDU ! C’est en effet là que sont produits l’électricité, le chauffage et l’eau douce. Cyril, second chef centrale m’explique le système de co-génération de manière très pédagogique (ce qui est fort appréciable pour quelqu’un comme moi qui ne connait pas grand-chose à la mécanique !). Les trois générateurs de la base produisent l’électricité grâce à des moteurs diesel (9 cuves de gazole sont prévues à l’extérieur de la centrale pour alimenter les moteurs).

Un des trois groupes électrogènes de la centrale © MNHN / MSA / IPEV Un des trois groupes électrogènes de la centrale © MNHN / MSA / IPEV

La chaleur issue des gaz d’échappement et du circuit de refroidissement des moteurs permet de chauffer la base mais aussi de bouillir l’eau de mer pompée en bas de la station. Environ 4000L d’eau de mer sont pompés chaque heure par la SPEM (station de pompage de l’eau de mer).

Cyril me montre les cuves de gazole à l’extérieur de la centrale © MNHN / MSA / IPEV Cyril me montre les cuves de gazole à l’extérieur de la centrale © MNHN / MSA / IPEV

Lorsque cette eau de mer est évaporée dans la centrale, elle fournit de l’eau douce pour la consommation et les sanitaires (rendement d’environ 7 %) et la saumure qui, elle, est réinjectée dans des conduites de la base et protège celles-ci du gel (ou peut servir à faire fondre des congères qui se seraient accumulées sur les conduites).

Une heure et demi plus tard, je rejoins le site de plongée du programme Revolta. Il commence à neiger et le vent se lève. J’ai froid pour Jérôme et Anouchka … qui partent pour leur sixième plongée. Objectif : collecter des algues et des oursins à quelques mètres de profondeurs. Les spécimens récoltés sont ensuite déposés à la Criée, un bâtiment de biologie marine où ils sont maintenus en vie dans des bacs d’eau de mer.

En fin de journée, je me prépare mentalement au grand direct avec Strasbourg ! Ce n’est pas rien ! Passer d’une vie en petite communauté, dans un milieu isolé, à une foule survoltée dans un amphithéâtre que je connais bien, à 20 000 km de là, demande une petite réadaptation à la vie «normale » (au moins dans sa tête !). J’espère pouvoir vous transmettre fidèlement la manière dont nous vivons tous ici. Le défi technique est à  la hauteur de l’investissement d’une centaine de personnes qui ont œuvré près de deux ans à la concrétisation de ce projet fou ! Ici à DDU, les collègues sont ravis de pouvoir vous présenter leur métier. Le direct a lieu à l’heure du dîner mais qu’importe : nombre d’entre eux a choisi de rester à mes côtés  jusqu’à la fin de la transmission Skype. J’ai senti vibrer Strasbourg ! Magique ! Bravo les élèves pour votre énergie et votre joie communicative ! Nous l’avons bien ressentie ici à DDU ! Une belle image de ce qu’un collectif peut accomplir !

Direct avec Strasbourg côté DDU © MNHN / MSA / IPEV Direct avec Strasbourg côté DDU © MNHN / MSA / IPEV

Samedi 28 janvier.

Une journée de travail à l’ordinateur, rédaction d’articles et tri des données, rythmée par la traditionnelle chaîne des vivres à 13h15 et surtout par la préparation de la soirée Viking ! Ce soir on se déguise et mange une bonne raclette. Les images sont plus explicites que de longs discours !

La nuit est un peu agitée : le vent se lève (110km/h) et j’ai du mal à trouver le sommeil (j’aurai dû mettre mes bouchons d’oreille). Demain, c’est sûr, ce sera grasse mat !

Soirée vikings © MNHN / MSA / IPEV Soirée vikings © MNHN / MSA / IPEV
Bras de fer viking © MNHN / MSA / IPEV Bras de fer viking © MNHN / MSA / IPEV
Les vikings dans la neige © MNHN / MSA / IPEV Les vikings dans la neige © MNHN / MSA / IPEV

Martin, le charpentier-couvreur de la base qui prend en photo mon environnement de travail de  rédaction et celui de guillaume dans le bâtiment Géophy. Il me dit que je travaille trop et qu’il est temps de prendre l’air ! Il a raison !

Finalement, on fera un détour par le séjour où Jérémy, le pâtissier, a préparé une délicieuse crème de caramel au beurre-salé.

Annabelle Kremer et Guillaume Lecointre © MNHN / MSA / IPEV Annabelle Kremer et Guillaume Lecointre © MNHN / MSA / IPEV
Base de Dumont d'Urville Base de Dumont d'Urville © MNHN / MSA / IPEV